La communication chez les insectes
Imaginons un pré, l'été, dans le sud de la France, au cours d'une année propice à l'apparition des cigales...
Le vacarme assourdissant d'un choeur de cigales mâles s'élève d'un arbre...
Au crépuscule, les flashes des lucioles illuminent le ciel...
Ce son et lumière diffuse des messages d'un insecte à l'autre, indiquant son espèce, son genre, sa localisation et sa disposition à s'accoupler.
Même en écoutant et en observant attentivement, nous ne parviendrons à percevoir qu'une petite partie des communications émises par les insectes qui nous entourent.
Certains de leurs signaux sont tout simplement diffusés en deçà des limites physiques de notre perception.
* La femelle du papillon de nuit
Hyalophora cecropia envoie des signaux chimiques (ces mixtures complexes appelées phéromones) qui flottent dans le vent.
Nombre d'insectes produisent des phéromones afin d'influencer le comportement ou le développement de membres de se propre espèce. Le mâle
Hyalophora cecropia suit à la trace le signal de la femelle grâce aux récepteurs olfactifs de ses antennes et peut voler des kilomètres durant pour la rejoindre...
* Un puceron en train de succomber à l'appétit d'une chrysope émet un autre type de signal, une phéromone d'alarme, qui pousse les autres pucerons posés sur la même tige à se laisser brusquement tomber sur le sol...
Les insectes transmettent en général des messages selon trois modes :
- l'odeur
- le son
- le signal visuel
Les abeilles domestiques utilisent en outre un language basé sur une danse rituelle, unique en son genre.
Les odeurs :Les phéromones représentent le principal mode de communication des insectes, diffusé soit dans l'air, soit à travers leur peau. Nombre de phéromones signalent la disponibilité sexuelle, l'équivalent pour nous d'une petite annonce personnelle coquine (...).
Chez les insectes sociaux, les phéromones régulent aussi les relations à l'intérieur du nid. Par exemple : Lorsqu'une reine de termite meurt, un roi émet un signal chimique qui pousse de nouvelles femelles reproductrices à accélérer leur développement.
D'autres signaux de ce genre provoquent la dispersion ou le regroupement d'individus : les scolytes diffusent des signaux odorant de regroupement qui incitent des milliers d'entre eux à fondre sur un même arbre, submergeant ses défenses jusqu'à le tuer.
Les phéromone sexuelles peuvent aussi servir à des fins plus complexes :
* La blatte mâle
Nauphoeta cinerea en produit une qui attire et apaise les femelles non encore accouplées...
* Les ténébrions mâles
Tenebrio molitor émettent un signal chimique anti-aphrodisiaque qui dissuade d'autres mâles de répondre aux émissions des femelles alentour...
* Les glandes mandibulaires de l'abeille domestique reine diffusent une phéromone qui inhibe le développement des ovaires chez les ouvrières femelles, préservant ainsi sa domination monarchique.
Les sons :Le chant des grillons et les cri-cri saccadés des criquets illustrent deux exemples d'insectes utilisant le son pour communiquer, en général pour attirer des partenaires.
Beaucoup d'orthoptères (grillons, sauterelles, criquets...) stridulent, c'est-à-dire produisent des sons en frotant une partie de leur corps contre une autre. Ces insectes taillent souvent une feuille ou creusent un terrier de façon à amplifier les sons comme avec un mégaphone.
Exemple : La taupe-grillon, qui vit dans des galeries souterraines, creuse un tunnel à deux ouvertures pour obtenir l'effet double porte-voix.
Certains coléoptères, fourmis, libellules et mouches stridulent également.
La cigale, en revanche, produit des cliquetis sonores grâce à une paire d'organes appelées cymbales, évoquant des tambours et situés sur son abdomen. Un muscle puissant provoque une soudaine torsion des côtes qui soutiennent les cymbales, produisant les cliquetis...
Emis en série, ceux-ci forment le chant des cigales, amplifié par une poche d'air située dans l'abdomen et irradiant à travers les tympans de l'insecte.
La vue :Ce que voient les insecte est également important.
La libellule mâle
Calopteryx aequabilis répond à une femelle pénétrant son territoire en affichant les pointes noires de ses ailes... Il la conduit ensuite vers un site de ponte potentiel... Le mâle survolle alors le site, agitant rapidement ses ailes de devant, tout en gardant celles de derrière immobiles... Si le spectacle plait à la femelle, elle acceptera de s'accoupler avec lui...
La vue est aussi primordiale pour les lucioles. Leurs éclairs lumineux composent une sorte de code morse visuel ; chaque espèce a sa propre combinaison pour permettre à ses membres de se reconnaître entre eux.
Certains s'illuminent en prenant de l'altitude, d'autre brillent au ras du sol...
Certains augmentent progressivement leur intensité lumineuse, tandis que d'autres émettent de courtes impulsions.
Le language dansé :Le moyen de communication le plus étonnant chez les insectes est sans doute la danse de l'abeille domestique :
Imaginez-vous essayant d'indiquer à quelqu'un la direction d'une épicerie située à des kilomètres en n'utilisant que la pantomine... C'est exactement ce que fait une abeille ouvrière qui vient de dénicher une source de nectar digne d'intérêt!
> Elle effectue une danse ritualisée pour indiquer la direction, la distance et l'importance relative de sa découverte, danse dont la durée décrit la qualité du nectar...
L'ouvrière frétille tout en émettant des sons et en déplaçant l'air avec les ailes pour situer la source de nectar, même dans l'obscurité de la ruche.
Elle précise la direction par rapport au soleil (droit vers le haut du nid signifie vers le soleil, et droit vers le bas veut dire à l'opposé...
Si elle danse assez longtemps pour que le soleil traverse le ciel (une seul abeille peut danser des heures), elle compensera le mouvement relatif de l'astre, fournissant une information minutieuse sur la direction de la source de la nourriture potentielle.
Elle adapte même ses instructions pour tenir compte de la direction du vent, indiquant une plus longue distance si la source est située contre le vent et une plus courte si elle se trouve dans le bon sens...